Un tramway à Jérusalem d’Amos Gitai

Traversant différents quartiers de Jérusalem, à l’intérieur ou à proximité d’un tramway toujours très emprunté quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, on rencontre des hommes et des femmes pétris de sentiments, de discours, de questions. Ils s’aiment, se déchirent, se comprennent, se disputent, se rapprochent, s’éloignent. La photographie en mode close-up révèle des visages d’une beauté stupéfiante qui miroitent l’expression à la fois extérieure et intérieure de chaque passager lors de sa quête. Les chants, les morceaux de musique, les discours variés accompagnent la traversée. L’écriture de Gitai, grâce à la succession de vignettes relativement courtes (certaines toutefois se trainent un peu) inscrites à différentes heures, sans chronologie cependant, permet la construction du fil métaphorique du transport, toujours en mouvement, toujours en recherche. Chaque passager, de nationalité différente, locuteur d’une ou plusieurs langues – on entend l’hébreu, l’arabe, le français, l’italien, l’allemand, l’anglais –  est porteur d’une pièce du grand puzzle constituant la question de notre existence sur cette planète. La polyphonie issue de la présence des langues, des chants et des discours multiples qu’ils soient politiques, sociaux, spirituels ou intimes, converge vers une recherche de vérité. Quelle vérité et comment y accéder ensemble ? Une certaine analogie avec Auroville. Noëlle Mathis