Jour 3 – Une leçon de vie avec deux femmes âgées réjouit et donne envie de vieillir. Heureusement il y a des films comme « Aunty Sudha Aunty Radha » réalisé par Tanuja Chandra qui viennent contredire ce que l’on a écrit la veille. Alors que j’évoquais le sort des veuves et la possible misère qui accompagnera leur trajectoire suite au décès de leur mari, « Aunty Sudha Aunty Radha » à l’écran, nous ravit et transporte dans un état de joie intense. Deux sœurs, âgées de 86 et 93 ans, sont interviewées par leur nièce dans leur maison de campagne dans l’Inde du Nord. Les deux femmes, l’une belliqueuse et rarement satisfaite, l’autre en paix et sereine, partagent leurs dernières années, accompagnées d’un personnel bienveillant. Bien sûr, la vie d’une veuve n’est pas la même lorsqu’elle a eu une profession ou un mari fortuné ou éduqué. L’une reçoit une retraite publique, l’autre a eu un mari médecin. Les deux nous enseignent des leçons de vie à chaque scène, notamment par leur capacité à rire de la vie et d’elles-mêmes, y compris faire de l’humour sur leur déambulateur respectif. L’harmonie créée autour d’elles semble irréelle : un magnifique jardin de fleurs, des légumes de qualité, un personnel toujours présent et attentif malgré le mauvais caractère de l’une des deux. On sent la force du collectif. Elles sont entourées, entendues, respectées. Aucune peur ne traverse leur quotidien, sauf celle créée par l’esprit agité, bien connu de la plupart des êtres humains. Dans une scène, l’une recommande à l’autre de lâcher toutes les pensées, qu’elles concernent le passé ou le futur. Et le public rit, tant la tâche est difficile et pourtant celle qui nous incombe afin de vivre le présent sereinement. Les visages de Sudha et de Radha sont filmés avec cette intimité qui nous fait les rencontrer vraiment. En leur compagnie pendant 49 minutes, on s’avoue que vieillir fait un peu moins peur. Les connaître donne même envie de vieillir. On est surpris de ce constat. Le découpage du film en nombreuses scènes intérieures et extérieures maintient un rythme dynamique qui contribue à lui donner un élan enjoué. A la fin du film, la productrice Anupama Mandloi révèle que le tournage pendant huit jours pour 24 heures de pellicule a été un moment très fort de partage et de rire. C’est bien cela qui est communiqué aux spectateurs. N’empêche que le sort de chaque femme âgée dépendra de la vie qu’elle aura menée et des opportunités qu’elle aura eues (ou pas). Même si je veux croire à l’égalité des chances, il ne reste que l’éducation et une vie professionnelle stimulante sont essentielles à chacune pour poser quelques pierres à la construction de la cathédrale qui permettra de mieux s’engager dans l’allée centrale en fin de parcours. Noëlle Mathis


Day 3 – A life lesson with two elderly women brings joy and a desire to grow old.(en français ci-dessous)Fortunately there are films like “Aunty Sudha Aunty Radha” directed by Tanuja Chandra that contradict what was written the day before. While I was talking about the fate of widows and the possible misery that will accompany their path following the death of their husbands, “Aunty Sudha Aunty Radha” on the screen delights us and transports us into a state of intense joy. The two sisters, aged 86 and 93, are interviewed by their niece in their country house in North India. These two women, one belligerent and rarely satisfied, the other at peace and serene, share their last years, accompanied by a caring staff. Of course, a widow’s life is not the same when she’s had a profession or a wealthy or educated husband. One receives a public pension, the other had a husband who was a doctor. Both teach us life lessons in each scene, including the ability to laugh at life and themselves, or even to make jokes about their respective walking frames. The harmony created around them seems unreal: a beautiful flower garden, quality vegetables, staff always present and attentive, despite the bad temper of one of them. One feels the strength of the collective. They are surrounded, heard, respected. No fear runs through their daily lives, except those created by the agitated mind, something well known to most human beings. In a scene, one recommends to the other to let go of all thoughts, whether they concern the past or the future. This message is delivered in such a way that the audience laughs, so difficult seems the task, and yet this concept is one we must face if we want to live in the present with serenity. Sudha and Radha’s faces are filmed with that intimacy that makes us really meet them. In their company for 49 minutes, we admit that getting older is a little less scary. Knowing them even makes you want to grow old. We are surprised by this observation. The division of the film into numerous interior and exterior scenes maintains a dynamic rhythm, giving it a playful momentum. At the end of the film, producer Anupama Mandloi reveals that shooting over 8 days for 24 hours of film was a wonderful experience, and a life lesson in communal living and laughter. This is what is communicated to the spectators. Nevertheless, the fate of each elderly woman will depend on the life she has led and the opportunities she has had (or not). Even if I want to believe in equality of opportunity, education and a stimulating professional life are essential for each one to lay the foundation stones for the construction of the cathedral along whose central aisle one must walk, at the end of life’s journey. Noëlle Mathis.